28 octobre 2024
Idées Droit des affaires Changements au Registraire des entreprises et conséquences sur la divulgation provinciale et fédérale de la propriété effective pour les sociétés par actions et les fiducies
29 avril 2020
Par Daniel Frajman
La couverture médiatique du budget provincial, publié le 10 mars 2020, a logiquement été éclipsée par la récente pandémie, alors que la santé des citoyens demeure évidemment le premier sujet d’intérêt. Malgré cela, pour tous ceux et celles dont les activités professionnelles touchent au fonctionnement des sociétés par actions ou des fiducies, il est important de souligner une déclaration majeure du budget sur la propriété effective, laquelle prévoit le genre de règles qu’il faudra interpréter dans les années à venir afin de se plier aux exigences de divulgation de l’identité des individus ayant la propriété effective ou le contrôle de sociétés par actions et de fiducies. Nous abordons cette question ci-dessous et comparons certaines règles provinciales et fédérales.
Alors que les différents paliers de gouvernement canadiens commencent à suivre les recommandations d’institutions comme l’OCDE et le Groupe d’action financière (GAFI), les registres de propriété effective font leur apparition dans plusieurs juridictions au Canada. Ces registres visent à promouvoir une plus grande transparence des structures des sociétés par actions et fiducies en rendant publique l’identité des individus ayant un contrôle important sur la société par actions au bas de la structure en question, généralement les actionnaires détenant au moins 25 % des actions votantes, ou 25 % de la valeur totale des actions en circulation, ou encore détenant le contrôle de fait de la société par actions en question. Rappelons qu’en décembre 2017 les ministres des finances du Canada s’étaient entendus pour établir ce type de registre dans leur province respective d’ici mi-2019.
Certaines juridictions limitent l’accès aux registres à une consultation interne, ou aux forces de l’ordre dans certaines circonstances, ou encore aux autorités fiscales dans le cas d’une infraction matérielle suspectée ou d’une vérification (par exemple, le registre fédéral sous la Loi canadienne sur les sociétés par actions (LCSA) et les registres du Manitoba et de la Colombie-Britannique). Ces juridictions justifient l’établissement de ces registres comme un moyen de lutte contre le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et le financement d’activités terroristes. Dans les juridictions dans lesquelles la lutte plus générale contre la fraude entre les parties à une transaction semble être une motivation additionnelle, la consultation des registres est plus souvent publique et possible via une plateforme web (par exemple, les registres du Royaume-Uni, de l’Union européenne, et celui du Québec prévu pour 2021 tel qu’indiqué au budget). Le degré d’accessibilité de ces registres est le sujet de débats où les adeptes de registres internes redoutent la charge bureaucratique de la tenue de registres publics, tandis que les adeptes de registres publics citent la nécessité d’une transparence accrue.
Dans ce contexte, et en regard des mesures adoptées concernant les registres en vertu de la LCSA, il est intéressant de noter les points suivants en matière de transparence concernant le contrôle et la propriété des sociétés par actions et fiducies :
En somme, les juridictions fédérale et du Québec semblent diverger quand vient le temps de décider si l’accès aux registres devrait être interne et accordé aux forces de l’ordre et aux autorités fiscales dans certaines circonstances (au fédéral), ou s’il devrait être public (tel qu’annoncé dans le budget du Québec). Elles diffèrent également sur les mesures de divulgation des fiducies détenant un certain contrôle d’une société par actions (le Québec favorisant possiblement une plus grande transparence que le fédéral). Une chose est sûre, chaque province et territoire va devoir débattre de ces enjeux au moment de rédiger et de promulguer leur propre régime législatif introduisant ces mesures de divulgation de propriété effective.
Cet article a initialement été publié par the Lawyer’s Daily (www.thelawyersdaily.ca), une publication de LexisNexis Canada Inc.